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Strasbourg, le 15 novembre 2000
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ALLOCUTION D'ACCUEIL de Mme Nicole FONTAINE, Présidente du Parlement européen, Monsieur KOSTUNICA, Président de la République de Yougoslavie
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La Présidente. - Monsieur le Président, c'est avec un grand bonheur, une profonde estime à votre égard et à celui du peuple yougoslave, un grand espoir pour l'avenir qui s'ouvre à votre pays et à nos relations nouvelles que le Parlement européen vous accueille aujourd'hui.
Je vous avais adressé cette invitation le jour même où le résultat des élections démocratiques ne laissait planer aucun doute pour nous sur la volonté populaire qui s'était exprimée librement et massivement en votre faveur.
À présent que les pages sombres de la dernière décennie sont tournées, votre présence devant notre Assemblée témoigne de notre volonté commune de voir la Yougoslavie retrouver très vite toute sa place dans la famille européenne. Vous l'avez souhaité vous-même, dès votre entrée en fonction, et de son côté, l'Union européenne a immédiatement fait le premier geste significatif de confiance que vous attendiez, celui de la levée des sanctions internationales.
Nous étions réunis en séance plénière en cette première période de session du mois d'octobre, lorsque nous avons appris, au moment de notre débat sur la situation en Yougoslavie, la réaction courageuse du peuple serbe et immédiatement, vous vous en souvenez, chers collègues, nous avons demandé la levée des sanctions internationales.
Mais la liesse de cette grande victoire de la liberté, que vous avez acquise par des voies pacifiques et au péril de votre propre liberté, ne saurait conduire à sous-estimer les défis immenses qui vous attendent: la consolidation de la démocratie, la restauration de la concorde entre toutes les communautés qui peuplent la Yougoslavie, sa reconstruction pour retrouver le chemin de la prospérité, ses relations apaisées avec ses voisins, le retour des personnes déplacées dans leur village, les disparus de la guerre dont les familles attendent désespérément des nouvelles, une coopération nécessaire, le moment venu, avec le Tribunal international de la Haye afin que ce qui s'est passé ne puisse jamais se reproduire et enfin, bien sûr, l'avenir institutionnel du Kosovo, dont les plaies sont encore à vif, ainsi que l'avenir du Monténégro.
Certes, le Parlement européen sait qu'au sortir de dix ans de conflit, tout n'est pas possible, en tout cas pas tout de suite, en Yougoslavie et que les urgences doivent être hiérarchisées car les Balkans, auxquels vous appartenez, sont sur la ligne de partage entre les grandes civilisations et les grandes religions qui ont marqué, trop souvent, de façon tragique, notre passé commun d'Européens, à vous comme à nous.
Aussi sur les questions les plus sensibles qui restent à résoudre, notamment en ce qui concerne le Kosovo, le Parlement européen a toujours souhaité que des solutions pacifiques soient trouvées, conformément aux résolutions des Nations unies sur l'intégrité et la souveraineté de la Yougoslavie dans le respect des droits fondamentaux de la personne humaine.
Dans cet esprit, soyez assuré, Monsieur le Président, que le Parlement européen, codécideur du budget communautaire, vous apportera tout son soutien pour que l'aide européenne à la reconstruction de votre pays soit vraiment à la mesure de ses besoins.
En ce qui concerne plus spécifiquement les mesures d'urgence nécessaires, comme vous le savez, lundi, un premier convoi de camions-citernes transportant du fuel de chauffage et du mazout en provenance de l'Union européenne est arrivé dans votre pays. J'y vois, comme l'a si bien dit votre ministre des mines et de l'énergie, M. Antic, la preuve que la Serbie a des amis en Europe.
Je conclurai en disant que l'Union européenne s'apprête à accueillir plus de dix pays du centre et de l'Est du continent qui ont recouvré leur propre liberté et la démocratie. Leur adhésion sera un grand pas vers la réunification, dans la solidarité, de toute la famille des États et des peuples qui composent l'Europe. Aussi, nous sommes nombreux, au sein de notre Assemblée, j'en suis convaincue, à ne pas douter qu'un jour, si la Yougoslavie en exprime elle-même le souhait, les portes de l'Union lui seront ouvertes, comme il serait naturel puisque nous sommes sur la même terre d'Europe et que nous partageons le respect des mêmes valeurs.
Nous attendons beaucoup de votre intervention, Monsieur le Président, pour tracer les voies de cette coopération et de cette fraternité retrouvée que nous allons parcourir désormais ensemble. Je suis heureuse maintenant de vous céder la parole.
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