Si je soutiens l’objectif général d’harmoniser les définitions des infractions terroristes au niveau de l'UE, cette directive comporte des lacunes majeures.
Je suis préoccupée par la définition des infractions terroristes couvrant les actes susceptibles de provoquer «une perte économique majeure». Des gouvernements pourraient s’en servir pour museler des actes de désobéissance civile ou les ONG, notamment environnementales. La définition aurait dû être limitée aux actes violents et aux destructions susceptibles de mettre des vies en danger, non un chiffre d’affaires.
Je suis alarmée par l’article 5 criminalisant la provocation «indirecte» au terrorisme, qui risque de porter atteinte à la liberté d’information et d’expression – d’autant plus à la lumière de l’article 21 sur le blocage des sites internet.
Je suis sceptique quant à l’article 9 criminalisant le voyage, notamment intra-UE. Nul besoin de criminaliser le voyage en soi puisque d'autres infractions suffisent à poursuivre un combattant étranger présumé. Alors que la valeur ajoutée de cette nouvelle disposition n’a pas été démontrée, le risque qu’elle soit détournée et utilisée abusivement de manière discriminatoire est réel.
Enfin, je regrette que l’échange d’informations pertinentes entre États membres n’ait pu être rendu obligatoire et automatique, alors que ce devrait être une priorité.